Jonathan, éducateur sportif au Basket Club Loossois

Dans cet entretien, Jonathan nous parle de son métier, du club, des activités et des projets.
Un article proposé par le SDJES 59

Nicolas DELDYCKE, conseiller d’animation sportive au SDJES59, est allé en ce mois de mars à la rencontre de Jonathan DELAVALLE, éducateur sportif au Basket Club Loossois (BCL).

Qui êtes-vous Jonathan ?

Je suis éducateur sportif professionnel au sein du BCL depuis plus de 10 ans. J’assure l’entraînement sportif des équipes de compétition. Je suis également éducateur sur un volet plus social. Je suis titulaire des diplômes du BPJEPS Activités Physiques pour Tous (APT) et du BPJEPS spécialité activités sports collectifs mention basket-ball.

 

Quelles sont les actions mises en place par l’association « Basket Club Loossois » ? Depuis quand est-elle professionnalisée ?

En tant que club affilié à la fédération française de basket-ball (FFBB), le projet comporte un premier volet orienté vers l’entraînement et la pratique compétitive. Le second volet a davantage une vocation sociale et s’inscrit dans plusieurs cadres. Dans le temps scolaire, nous proposons des actions « Basket Ecoles ». Pendant les vacances scolaires, nous animons des centres génération basket « CGB » ouverts aux nouveaux arrivants. Nous assurons également des interventions à destination de publics plus particuliers tels que les résidents en EHPAD dans le cadre du « label basket santé ».

L’association est professionnalisée depuis novembre 2013, année de mon embauche. A ce jour, le club emploie deux éducateur sportifs à temps plein. Il n’y a pas d’emploi administratif. Les membres du bureau et du conseil d’administration de l’association assurent bénévolement ces fonctions.

Quelles ont été les aides de l’État ayant permis de créer et pérenniser votre emploi ?

Le club a bénéficié à partir de 2013 d’une aide dégressive du centre national pour le développement du sport (CNDS) sur 5 années.

Vous prenez en charge des jeunes en situation de handicap physique ou cognitif. Comment adaptez-vous vos interventions ?

J’interviens dans le cadre de partenariats avec des Instituts Médicaux Educatifs (IME). Je dispense des séances à des personnes atteintes de déficiences motrices, cognitives ou visuelles. Je travaille en lien étroit avec les éducateurs d’activités physiques adaptées (APA) au sein de ces structures, pour préparer mes interventions en prenant en compte les différentes pathologies. J’ai bénéficié de formations spécifiques santé/handicap dispensées par la fédération française handisport ou par la mairie de Loos. Dans le cadre de la pratique au sein du club, nous accueillons ponctuellement des personnes voire des groupes en situation de handicap dans le cadre des stages CGB.

Quels sont les projets sociaux éducatifs que vous menez en lien avec le ministère de l’Éducation nationale ?

Il y a une convention nationale établie entre la FFBB et le ministère de l’Éducation nationale qui légitime et facilite notre prise de contact avec les écoles. Une plateforme permet aux écoles de formuler leurs besoins d’intervention technique et pédagogique. Une fois inscrite, l’école a accès à un support pédagogique numérique à destination de l’équipe enseignante. Le club reçoit les demandes et propose ses interventions.

Une convention locale est ensuite signée entre le club et chaque classe bénéficiaire, sous l’égide du conseiller pédagogique. Dans le cadre du projet « Basket Ecole » porté par la FFBB, j’interviens dans plus de 80 classes des écoles maternelles et primaires de Loos, dont certaines sont en réseau d’éducation prioritaire. Nous fonctionnons par cycles de 6 séances, placés entre les périodes de vacances scolaires. J’oriente mes interventions en initiation basket en concertation avec les équipes enseignantes, en tenant compte de ce que les élèves doivent acquérir en termes de savoir-faire sportif à l’école. Je rentre dans leur « moule » avec mes compétences spécifiques d’éducateur basket Ball.

Lors de vos interventions en temps scolaire, comment vous positionnez-vous par rapport à l’enseignant ? De quelle autonomie disposez-vous dans vos interventions ?

La plupart du temps, je mène mes séances en autonomie. Il est fréquent que l’enseignant s’implique dans mes interventions. L’échange peut s’effectuer en amont de la séance, dans sa préparation par exemple. Il arrive également que le contenu de mes séances soit réutilisé par les professeurs dans d’autres cycles ou que l’enseignant travaille autour de la complémentarité entre matières.

Par exemple, pendant les cycles où j’interviens, la leçon de géographie traite des Etats-Unis, berceau du basket-ball, et le problème de mathématiques consiste à calculer la superficie d’un terrain de basket. Le basket devient un support pour les apprentissages. Je me renseigne également si d’autres sports collectifs ont déjà été pratiqués précédemment dans l’année afin d’inscrire mes interventions dans une continuité « sports collectifs ». Mes interventions profitent à la fois aux élèves et aux enseignants, qui peuvent se servir du contenu proposé dans la mise en place d’autres cycles de basket. D’une façon générale, les professeurs sont très demandeurs de mes interventions, encore plus en maternelle dans la mesure où il y a moins d’intervenants sportifs de la ville de Loos pour cette tranche d’âge.

Suite à vos interventions scolaires, des jeunes intègrent-ils le club ?

J’essaie de faire du lien entre l’école et l’association. J’anime des centres génération basket (CGB), qui sont des stages gratuits proposés par le club, et pendant les vacances scolaires aux enfants qui ont bénéficié des cycles scolaires. Nous avons environ 10 jeunes par an qui, après avoir bénéficié de mes interventions en temps scolaire et participé aux CGB, prennent ensuite une licence compétitive au sein du club.

Quelles démarches administratives avez-vous effectuées pour obtenir l’autorisation d’intervenir en temps scolaire ?

Suite à l’obtention de mon BPJEPS spécialité activités sports collectifs mention basket-ball, j’ai procédé à ma déclaration obligatoire en tant qu’éducateur sportif rémunéré et obtenu ma carte professionnelle valable 5 ans. Grâce à elle et à la signature de conventions entre le basket club Loossois et les différentes écoles partenaires, j’ai pu obtenir l’agrément de l’éducation nationale pour intervenir en temps scolaire.

Quels sont les freins à la mise en place de vos interventions en temps scolaire ?

Il m’est possible, quand la météo le permet, d’intervenir directement dans les écoles qui disposent des installations nécessaires (terrains extérieures). Cependant, nous manquons de créneaux disponible au sein des équipements sportifs mis à disposition par la ville aux écoles, notamment pendant la période hivernale. Par ailleurs, l’établissement des conventions entre le club et chaque classe des différentes écoles au sein desquelles j’interviens a pris beaucoup de temps, ce qui a eu pour conséquence de retarder mes interventions. Heureusement, cette difficulté administrative est derrière nous.

Quelles satisfactions éprouvez-vous dans la réalisation des actions que vous menez en lien avec les écoles ?

Lors de mes interventions en temps scolaire, j’ai vraiment le sentiment d’être utile pour les enfants qui pratiquent le basket Ball. Il se crée une relation privilégiée entre eux et moi car je n’ai pas la « casquette » d’enseignant mais celle de l’éducateur qui en leur apportant du contenu ludique et sportif leur permet de se défouler et de se faire plaisir. Ils sont très demandeurs. J’ai également le sentiment d’être utile pour les enseignants avec qui je travaille en concertation. Je leur apporte le contenu sportif spécifique dont ils sont demandeurs. Certains enseignants remettent même sur papier les séances réalisées les années précédentes. J’éprouve une grande satisfaction lorsqu’un enseignant apprécie mes interventions et s’approprie par la suite les contenus que j’ai pu proposer aux élèves.

On peut ainsi dire que le contenu que j’ai pu proposer en tant qu’éducateur sportif se retrouve par la suite « intégré » dans le contenu scolaire. C’est une réelle satisfaction !

Quelles sont les orientations sociales et éducatives du club pour les années à venir ?

Nous avons malheureusement constaté que depuis quelques années, les subventions allouées par les partenaires institutionnels pour la mise en place des actions « sociales » du club sont en diminution. Sans pour autant abandonner le volet social de son projet, et afin de pérenniser ses deux employés, le club sera vraisemblablement amené à se recentrer sur la pratique licenciée plus traditionnelle et compétitive.

Mise à jour : octobre 2023