Guillaume Villemot, responsable de communication, a reçu le service départemental jeunesse, engagement et sports du Nord, pour lui présenter le projet « mémoires de rugby, le tribut de la nation ».
Quels sont les principaux temps forts ? Où et quand vont-ils se dérouler ?
Une stèle mémorielle listant les noms de 133 rugbymen internationaux morts sur l’ensemble des champs de bataille de la première guerre mondiale va être inaugurée à Fromelles le 4 novembre.
Un « tournoi des mémoires » U14 de Rugby à 7, réunissant 10 clubs étrangers (belges, hollandais, allemands) et 10 sélections départementales françaises (Auch, Tarbes, Toulouse), se déroulera du 2 au 5 novembre à Fromelles et Marquillies.
La finale du tournoi et un match de gala, entre une équipe de militaires d’Afrique du Sud et l’équipe de France de la gendarmerie seront organisés le 5 novembre à Arras.
Quels sont les objectifs et les ambitions du projet ?
La 1ère guerre mondiale est le conflit dans lequel il y a eu le plus de sportifs amateurs et professionnels victimes (tués ou blessés) toutes nations confondues. Les JO de Paris de 1924 qui ont suivi ont d’ailleurs été appelés « les jeux des gueules cassées ».
« Le rugby a été particulièrement touché par la première guerre mondiale »
Nous avons eu la chance de nous appuyer sur Fromelles, qui dispose d’un musée et où est implanté un cimetière australien, nation qui a payé un lourd tribut, pour mettre les projecteurs sur le monde du rugby et ses valeurs, et en même temps sur le travail de mémoire qui est fait dans les Hauts-de-France, terrain de la première guerre mondiale.
« La coupe du monde de rugby 2023 qui se déroule en France met l’accent sur l’aspect festif du sport. »
Elle est précédée par la coupe du monde militaire de rugby, qui est organisée en Bretagne. En 2024, il y aura les Jeux olympiques et paralympiques en France avec une épreuve de rugby à 7. En 2025, ce sera les championnats du monde de rugby à 13. Nous voulons nous servir de cette dynamique pour inviter les jeunes à se réapproprier la mémoire de ceux qui les ont précédés sur les terrains de sport, ici dans les Hauts-de-France et partout dans le monde.
« La commémoration a pour objectif de se souvenir des 133 internationaux morts sur l’ensemble des champs de bataille en France et hors de France. »
C’est à partir de cette mémoire que nous travaillons sur la transmission des valeurs de solidarité dans le rugby.
« Les jeunes viennent jouer et gagner le tournoi, mais avant, pendant et après, nous leur proposerons des activités sur la mémoire des rugbymen décédés.»
La plupart d’entre eux ont en effet été oubliés. Un historien, ancien professeur d’EPS, Michel Merckel, auteur de l’ouvrage « 14-18, le sport sort des tranchées », a fait des recherches sur les 133 internationaux. Il a réalisé des biographies de ces joueurs disponibles sur notre site internet. Elles présentent la nation pour laquelle ils ont eu au moins une sélection, leur club d’appartenance, l’endroit où ils sont morts, et - lorsque l’information a pu être retrouvée - l’endroit où ils sont enterrés. Certains ont en effet le statut de « disparus ».
Ce qui nous intéresse c’est la mémoire laissée par ces gens venus se faire tuer pour défendre leur nation ou des nations alliées.
« Ils portent en eux les valeurs de partage et de sacrifice de soi. »
Or dans le rugby, qui était le sport qu’ils pratiquaient, et qui est un sport collectif, le NOUS dépasse le JE. Lorsque l’on veut avancer en rugby on le fait en commun, quelle que soit sa position dans la mêlée, à l’arrière ou sur les ailes. C’est ce dépassement de soi, dans le sport, comme à travers un événement de l’histoire mondiale, que nous voulons mettre en avant durant les trois jours d’événements.
« C’est un sujet pédagogique extraordinaire »
Nous souhaitons qu’il fasse l’objet de prolongements avant et surtout après le temps fort. Nous pouvons les imaginer facilement en géographie, en histoire, en EPS, en éducation aux médias et pourquoi pas en économie. Nous avons une belle opportunité de mélanger du sport, de la culture et de l’histoire, car ces mondes se parlent par leurs valeurs communes. Nous allons leur offrir la possibilité et leur donner envie de se retrouver. Il nous tient particulièrement à cœur que l’événement soit un succès populaire.
Pouvez-vous en dire un peu plus sur ce que vous imaginez en terme d’éducation aux médias ?
Après l’événement, et au-delà du mois de novembre 2023, nous aimerions nous investir en matière d’éducation aux médias, pour la tranche d’âge collège, dans le cadre périscolaire, en nous appuyant sur les clubs de sport et le partenariat avec l’Office nationale des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG). Le levier du travail de mémoire permet de sensibiliser les jeunes aux méthodologies de recherche, d’accès, de vérification et de publication des informations, en s’emparant de l’histoire d’une personne.
« Défendre la mémoire d’une personne implique un travail de vérité. »
Quels sont vos partenaires dans la préparation et l’organisation de l’événement ?
L’ONACVG développe actuellement des supports pédagogiques, qu’il va mettre à notre disposition, sous forme d’exposition mobile. Celle-ci pourra être présentée dans les clubs de rugby ou les établissements.
Nous allons recevoir le « Quinze du Pacifique ». Il s’agit d’une équipe de rugby militaire qui joue et entretient la mémoire du « bataillon du Pacifique », engagé durant la seconde guerre dans la France libre auprès du général De Gaulle. Nous assisterons à leur haka exceptionnel et particulièrement vecteur de valeurs.
Le club local de rugby des Weppes est notre premier partenaire, ainsi que celui du Touquet. Nous continuons de promouvoir l’événement auprès des clubs qui peuvent venir avec leurs licenciés en tant que spectateurs.
La fédération française du rugby nous soutient dans le cadre de la coupe du monde. Pour aller plus loin, nous candidatons au programme « rugby au cœur », dédié justement à la mémoire et à la trace que la coupe du monde devra laisser sur les territoires.
Les départements du Nord et du Pas-de-Calais nous accompagnent.
Des entreprises locales ou partenaires historiques du rugby commencent à nous rejoindre. Même les petites contributions matérielles et financière nous aideront pour assurer le meilleur accueil des jeunes pendant les vacances de Toussaint et nous continuons d’en rechercher.
Quels sont les publics attendus et ceux que vous souhaitez faire venir ?
Évidemment, nous espérons que des personnes qui sont en vacances ou en week-end du 3 au 5 novembre dans la région s’intéressent à l’événement. L’ancrage à la fois historique et sportif peut nous permettre de fédérer des publics venant de différents horizons. Les passionnés d’histoire trouveront leur compte avec les masterclass dispensées par Michel Merckel et les intervenants de l’ONACVG, tout comme les personnes qui sont davantage attirées par le volet sportif.
Le musée de la première guerre mondiale de Fromelles est un point d’attractivité, mais une partie des activités se déroulent également à Arras.
Êtes-vous en recherche de bénévoles ?
Oui ! Nous avons besoin de bénévoles de tous âges.
« Nous recherchons des encadrants pour les 400 jeunes qui seront réunis et logés sur place pendant 4 jours en novembre. »
Nous aurons besoin d’aide également pour gérer les plannings et fluidifier l’organisation.
Afin que les séjours des clubs se passent au mieux, nous recherchons des personnes anglophones pour les accompagner sur place dans des visites et réalisation d’activités complémentaires. Il y aura probablement des familles qui feront le déplacement et nous aurons besoin de foyers pour les accueillir. Les propositions de logement pour les bénévoles sont également les bienvenues, ainsi que toutes les aides logistiques.
Les personnes pouvant apporter leur aide sont invitées à transmettre leurs coordonnées via le site de l’événement.
Quelle est la place des filles/femmes dans l’événement ?
L’histoire fait que les 133 internationaux qui seront célébrés en août sont tous des hommes, puisque seuls les hommes jouaient à haut niveau et combattaient à l’époque.
Notre « tournoi des mémoires » s’ancre quant à lui dans l’époque actuelle et accueillera des équipes mixtes et féminines.
Nous avons également tenu à accueillir et organiser la participation d’une équipe handisport et de représentants du rugby fauteuil.
« Si on veut parler de sororité ou de fraternité, c’est en faisant en sorte que ces moments communs soient ouverts à chacun, quel que soit sa situation, son histoire et ses capacités physiques. »
Si vous deviez convaincre en quelques mots de participer à l’événement, que diriez-vous ?
C’est une chance unique de pouvoir pratiquer un sport et apprendre quelque chose, en étant au contact de personnes qu’on ne croise pas habituellement, parce qu’on ne partage pas les mêmes univers, ou que l’on vient de pays étrangers. C’est un week-end durant lequel la possibilité est donnée à tous de s’ouvrir aux autres.
Merci de nous avoir présenté « mémoires de rugby, le tribut de la nation ».
Pour prendre connaissance de l’ensemble des informations, vous pouvez consulter le site de l’événement en cliquant sur ce lien.
Mise à jour : octobre 2023