Il y a des vies qui disparaissent à bas bruits, englouties par l’Histoire et la folie des hommes. Des noms qui se retrouvent noyés dans une litanie des listes.
15 élèves de section européenne du lycée Blaise Pascal de Longuenesse et 15 élèves du lycée Kepler de Tübingen participent à les en sortir et à rendre une dignité à qui les a portés. Ils s’investissent en partenariat avec le Centre d’Histoire de la Coupole dans le projet "Train de Loos".
Nos historiens en herbe rédigent à cette occasion des biographies de déportés français pendant la Seconde Guerre mondiale à partir de sources historiques non encore traitées. Ce projet scolaire franco-allemand s’inscrit sur une durée de trois ans et a pour objectif de contribuer au "Dictionnaire biographique des déportés", un projet de recherche européen de grande envergure lancé dès 2004 par le Centre d’Histoire de la Coupole.
L'encyclopédie biographique des déportés du Train de Loos
Cette encyclopédie biographique a pour objectif de réunir les destins de 872 déportés, prisonniers politiques et résistants, qui, sur ordre des autorités d’occupation allemandes, ont dû quitter la gare de Tourcoing le premier septembre 1944, deux jours avant la libération de Lille, pour les camps de concentration nazis. 284 seulement en reviendront. L’encyclopédie biographique sera publiée en 2024 à l'occasion du 80e anniversaire du dernier convoi de déportés et offrira, par son format exceptionnel, une place de choix pour les récits de vie et de souffrance de ces déportés. Elle ne sera pas seulement une source pour la recherche historique mais aussi une précieuse mémoire pour les familles survivantes des déportés.
Pour la rédaction de ces biographies, le musée de la Coupole a mis à la disposition des élèves des documents sources variés : fiches signalétiques des déportés, procès-verbaux, lettres. Les élèves apprivoisent ainsi la méthode de travail historiographique tout en renforçant leurs compétences en langues étrangères : les élèves français rédigent en effet en allemand, les élèves allemands en français.
En raison de la pandémie, les échanges se sont déroulés pour l’instant par voie numérique mais une rencontre commune est programmée en juillet à Tübingen puis à Longuenesse, avec comme point d’orgue la visite du Struthof et du Parlement européen de Strasbourg.
Pour Nathan, écrire sur eux, « cela les rend vivants »
Marius Boillot avait 47 ans, lorsqu’il a été happé par le train de Loos. Il avait deux fils, qu’il avait enrôlés dans la Résistance. L’un d’eux, Marcel, aidait au sabotage. « Il a fait plusieurs camps d’internement : Maubeuge, Valenciennes, Loos puis Marienburg et Sachsenhausen» décrit Thibaut, élève de section européenne du lycée. « C’est émouvant de se rendre compte de ce qu'il s’est réellement passé », confie-t-il. « Ils suscitent le respect » estime son camarade Romain, « Georges Rattaire s’est fait prendre mais il a lutté jusqu’à son arrestation ». Pour Nathan, écrire sur eux, « cela les rend vivants ».
Merci aux enseignants porteurs du projet ainsi qu'aux élèves pour leur travail historiographique de grande qualité.
Mise à jour : janvier 2023