Permettre à tout élève de s’orienter vers un avenir aussi ambitieux que possible, lui plaisant et offrant des possibilités d’emploi et d’évolution professionnelle fait partie des missions de l’école. Cette mission doit être clairement explicitée dans les projets d’établissement, en particulier au collège, et même dans les projets d’école. Elle doit être opérationnalisée.
Les décisions clés en termes d’orientation se situent en fin de 3e, de 2de et durant la terminale, mais elles restent marquées par des mécanismes de censure variés, qui trouvent leur origine dans une représentation des métiers ancrée depuis le plus jeune âge, couplée à une image de soi insuffisamment construite, tout cela contribuant à reproduire les déterminismes et impacter l’ambition du parcours des élèves les plus fragiles, dont ceux en situation de handicap.
L’orientation ne doit pas se construire par défaut ; en particulier le choix de la voie professionnelle (mais aussi de la voie technologique) doit, autant que possible, être un vrai choix, positif et ambitieux, et non pas seulement une réponse au problème des collégiens en difficulté. Il est donc important d’acculturer tous les personnels du collège à la voie professionnelle afin qu’ils perçoivent mieux ce qu’elle fait et ne fait pas, et puissent avoir le meilleur discours à destination des élèves. Cette voie doit être rendue plus visible dans les écoles et les collèges, par exemple grâce à des ambassadeurs (lycéens, professionnels et apprentis), des projets coopératifs, mais aussi par des actions d’immersion et de formation. Toutes les expérimentations concernant l’orientation pouvant être menées en collège seront encouragées. Les référents pour l’Insertion professionnelle et la relation école-entreprise (RIPREE), spécificité de l’académie, qui sont dans chaque collège le point d’entrée des entreprises et des lycées pour cette information sur les filières et les métiers, doivent être mieux connus des entreprises et de la communauté éducative elle-même. De même, la voie technologique ne doit pas être la solution pour les élèves en difficulté en 2de mais un vrai choix, guidé par la possibilité d’une poursuite d’étude en bachelor universitaire de technologie (BUT).
Bien que l’accès à l’enseignement supérieur reste anxiogène pour les élèves et les familles, des liens forts se sont tissés pour améliorer l’orientation et l’information, grâce à l’engagement collectif dans divers dispositifs. Il s’agit de renforcer et structurer cette dynamique partenariale en lien avec la région (Proch’Orientation) et les établissements, par un calendrier harmonisé et partagé des différents temps forts de l’information (semaines et printemps de l’orientation, journées portes ouvertes, salons, immersions, programme des PIA, modules de préparation à la poursuite d’études en lycée professionnel), ainsi que des outils innovants mobilisant la parole des pairs. Les cordées de la réussite demeurent un outil important en termes d’égalité des chances et doivent continuer à se renforcer.
L’inscription de l’accompagnement à l’orientation dans la continuité et la progressivité, impactée par la crise sanitaire, nécessite un nouvel élan. Afin d’établir un programme concerté et mutualisé d’actions sur les territoires, une convention cadre de région académique sera proposée aux établissements d’enseignement supérieur et déclinée en conventions d’application pluriannuelles. Des formations inscrites au plan académique de formation faciliteront les échanges entre enseignants du lycée et du supérieur sur les attendus de l’enseignement supérieur (choix des enseignements de spécialité au lycée général et technologique, nouvelle maquette pédagogique des BUT, transformation de la voie professionnelle). Les projets pédagogiques associant enseignants du lycée et du supérieur seront encouragés. La question de la réussite des jeunes de bacs professionnels et technologiques en BTS et BUT sera travaillée car elle est centrale pour donner des modèles positifs de réussite aux équipes, aux jeunes et aux familles.
Enfin, le travail entamé avant la crise sanitaire sur la mobilité comme frein à l’orientation sera repris, tout en veillant à penser l’orientation à l’échelle de nos bassins, dans un souci d’égalité des chances et de perspectives d’emplois. Les actions gagneront en efficacité grâce à la connaissance mutuelle des acteurs (équipes éducatives, entreprises, collectivités, acteurs de l’insertion professionnelle) à cette échelle et au niveau de proximité des décisions. Enfin, il faudra analyser la mobilisation des trois campus connectés créés à la rentrée 2021, éventuellement les faire évoluer.
Plus globalement, l’accompagnement à l’orientation doit s’accompagner d’une plus grande communication sur les forces véritables du territoire. Les a priori sur notre région, qui entraînent les élèves dans une faible estime tout à la fois d’eux-mêmes et du potentiel de formations et d’emplois du territoire, doivent être combattus par une communication positive sur les industries de pointe s’y développant, sur le rayonnement de l’enseignement supérieur et sur le potentiel stratégique de la zone frontalière. La richesse culturelle, linguistique et innovatrice de la région est peu connue et mise à mal par les images galvaudées d’un territoire dont l’identité se réduirait à la désindustrialisation.
Dans les établissements, la mise en œuvre du Programme pluriannuel d’orientation (PPO) constituera l’élément structurant de notre politique d’orientation grâce à la mobilisation de tous les acteurs dans une logique de territoires et de réseaux, au plus près des élèves et de leurs familles (webinaires, programmes d’actions lisibles...). Le PPO devra tout particulièrement apporter des réponses aux attentes des élèves à besoins éducatifs particuliers et aux jeunes confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE).
Mise à jour : octobre 2022