Cette école, qui garantit la maîtrise des savoirs fondamentaux pour tous les élèves, en fait des citoyens éclairés, leur permet d’être heureux, en bonne santé et de s’orienter sereinement dans leurs études et dans la vie, est une école qui permet de dépasser les déterminismes qui continuent à marquer fortement notre société, et ce, malgré les efforts portés sur l’éducation prioritaire, sur les territoires ruraux et sur la scolarisation des jeunes à besoins éducatifs particuliers.
Le handicap reste un déterminisme important, même s’il tend à s’atténuer avec le renforcement de la scolarisation en milieu ordinaire et le déploiement de dispositifs dédiés et spécifiques. L’accessibilité au service public d’éducation et l’ambition des parcours proposés doivent rester la priorité portée par l’ensemble de la communauté éducative. Le travail avec les partenaires doit également être renforcé afin d’attribuer au plus près des besoins les compensations, qui augmentent de façon toujours importante, mais aussi de réduire les temps d’attente, de gérer les situations temporelles intermédiaires, et de mieux échanger sur les places dans les structures et services spécialisés.
Dans le second degré, le déploiement des ULIS doit être intensifié, afin d’offrir une orientation scolaire positive aux jeunes en situation de handicap. L’idéal serait de pouvoir créer une ULIS dans chaque collège ou, a minima, de veiller à garantir à chaque élève un dispositif de proximité. On note souvent que les ULIS, mais aussi les SEGPA, sont des dispositifs qui, lorsqu’ils sont bien intégrés dans leur établissement, peuvent apporter beaucoup en termes de différenciation pédagogique. La structuration en PIAL doit être évaluée. Si elle a conduit à limiter les situations de non accompagnement de façon notable, la question de la qualité de l’accompagnement est souvent invoquée, malgré un nombre de personnels AESH recrutés en nette augmentation. La formation de tous les professeurs à l’accompagnement des élèves à besoins éducatifs particuliers est à intensifier pour faire tomber les barrières encore existantes concernant l’inclusion, et améliorer notre capacité globale à la différenciation pédagogique.
Le second type de déterminisme très marqué dans notre académie est social et territorial, les deux aspects étant étroitement imbriqués. Ce déterminisme, lié à l’histoire de notre région, perdure depuis plusieurs décennies. Le déploiement massif de l’éducation prioritaire (1/3 des écoliers et collégiens concernés dans l’académie) et les mesures d’accompagnement liées, dans le premier degré en particulier, commence à porter ses fruits quant à l’apprentissage des fondamentaux. Ces résultats demandent toutefois à être consolidées au-delà du CE1, par des évaluations et accompagnements spécifiques, l’orientation à l’issue du collège restant une source majeure d’assignation sociale. Ainsi, au sein de l’académie, en 2020 / 2021, les décisions d’orientation vers la voie professionnelle sont supérieures de 8.3 points dans les établissements relevant de l’éducation prioritaire et l’indice de positionnement social (IPS) en lycée professionnel est de 30 points inférieur à celui observé en lycée général et technologique.
Le passage en 2de sera particulièrement accompagné dans le cadre des lycées labellisés CLA, avec en lycée général et technologique un abaissement des effectifs dans les classes de ce niveau. Il sera demandé de mobiliser l’allocation progressive des moyens en ce sens dans les autres établissements. Le travail sur la mobilité contribue à la lutte contre les déterminismes territoriaux et sociaux, l’appréhension à la mobilité étant fortement reliée à ce dernier aspect. Il doit être mené dès le plus jeune âge des élèves en y associant les parents et en facilitant l’accès à l’internat. Une coéducation centrée sur la question de la mobilité, dès les premières années de scolarisation des élèves, permettrait de dépasser les freins psychologiques engendrés par une poursuite de scolarité éloignée géographiquement de la cellule familiale. Enfin, la prise en compte de la pauvreté est un sujet majeur des politiques de l’État dans notre région. Au-delà du déploiement des petits déjeuners gratuits et de l’accès à la cantine à 1 euro, qui doit être accéléré en lien avec les préfectures, c’est en revisitant notre pédagogie que nous pourrons inclure pleinement ces enfants.
Des formations en ce sens seront proposées et mises en visibilité dans le cadre de l’EAFC.
Les déterminismes de genre se manifestent fortement dans le processus d’orientation, qu’il s’agisse de la voie professionnelle ou de la voie générale. Ainsi, les décisions d’orientation vers la voie professionnelle présentent un écart de 12 points entre les filles et les garçons (31,7 % pour les filles et 43,9 % pour les garçons). Même s’il convient de favoriser toute action permettant d’améliorer cette mixité dans les formations (par exemple, les stages de 3ème associant une fille et un garçon), il faut veiller aussi à la mixité dans nos lycées professionnels organisés maintenant de plus en plus autour des familles de métiers lors des évolutions de la carte des formations.
En lycée général et technologique, le choix des enseignements de spécialité en 1re générale est éloquent : les garçons ont tendance à moins diversifier leurs choix et à les concentrer sur les disciplines scientifiques tandis que les filles répartissent davantage leurs choix et formulent plus de demandes d’enseignements relevant des sciences humaines. Là encore, toutes les initiatives visant à favoriser l’intérêt des filles pour les sciences et la confiance en leurs capacités devront être encouragées.
Enfin, l’académie fera de la réussite scolaire des enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) un emblème de sa politique d’égalité des chances. Invisibles, ces enfants souffrent de parcours scolaires chaotiques et d’une orientation déterminée vers les voies courtes. Ainsi, 2/3 des enfants confiés à l’Aide sociale à l’enfance s’orientent vers la voie professionnelle, contre 1/3 pour les autres jeunes. Un IEN/ET/EG, un IA-IPR d’anglais et un CPE sont spécifiquement en charge de ce dossier et des expérimentations, menées sur 5 territoires, visent à mieux associer personnels de l’éducation nationale et de l’ASE, dans le cadre de formations communes laissant également s’exprimer la parole des enfants. Ces territoires, qui permettent une approche globale autour d’enfants cumulant les traumatismes et les difficultés, seront en quelque sorte des laboratoires d’égalité des chances dont les succès pourront être déployés vers l’ensemble des enfants.
Il s’agit également de continuer à accueillir au mieux nos jeunes allophones, et de progresser sur la scolarisation des enfants Roms, sujet auquel sont confrontés nombre de nos personnels dans le premier degré avec une impression d’impuissance douloureuse malgré leur engagement exemplaire.
Mise à jour : octobre 2022